vendredi 1 mai 2009

Histoire du Jardin Turc de la Paix

Le Jardin Turc de la Paix fut réalisé par le Consul Général de la Turquie à Montréal, Gérard Emin Battika, avec la précieuse aide de la communauté turque de Montréal. L'inauguration du jardin a eu lieu le 18 Mai 2000. C'est notamment grâce à Monsieur Pierre Bourque, Maire de la Ville de Montréal à l'époque, Gérarld Tremblay, qui a su perpétuer l'esprit du jardin, ainsi qu'à l'administration du Jardin Botannique et à la communauté turque de Montréal que ce jardin a pris naissance et que sa tradition se perpétue.

Dans ce jardin, le désir de paix et d'harmonie de la communauté turque de Montréal est symbolisé par deux éléments significatifs de la culture turque: la Tulipe et les céramiques d'Iznik.

Vous pouvez en connaître davantage sur ces éléments significatifs de la civilisation turque en consultant ce blog!

La Tulipe, symbole de paix

Histoire de la Tulipe, symbole de paix

La tulipe, que l'on surnomme "lali " en turc, est venue de Perse et de Turquie. C'est une plante qui apprécie le plein soleil et les endroits protégés du vent pour épanouir vers mars-avril ses fleurs en coupe. Le bulbe apprécie les sols légers et bien drainés, sinon il dépérit. On attribue à Charles de l'Écluse son introduction en Occident, même si elle devait déjà y être présente du fait des nombreux échanges commerciaux avec l'actuelle Turquie où la coutume voulait qu'on offre des bulbes en cadeau.

Au 16ème siècle, Constantinople (aujourd'hui Istanbul), alors considérée comme l'une des plus belles villes du monde, devient un centre de commerce, de communication, de culture et d'intrigues politiques. Le renom de ses jardins va aussi au-delà de ses frontières.

La tulipe conquiert la Turquie

Le " siècle des tulipes " en Turquie atteint son apogée au début du 18ème siècle. Chaque printemps, au moment de la pleine lune, dans les jardins du palais du Sultan Ahmed III, une fête somptueuse est organisée en l'honneur de la tulipe. Pour cela, le Sultan importe même des tulipes de Hollande. Des centaines de vases précieux contenant les plus belles tulipes du monde sont alors placés sur des étagères entourées de boules de cristal et d'étoffes colorées, et étincellent sous la lumière féerique des lampes de cristal. Des cages de canaris et de rossignols sont suspendues dans les arbres et c'est à qui chante le plus fort. Les invités portent des vêtements de couleur en accord avec les tulipes. Mais ces fêtes somptueuses finissent aussi par lui coûter la tête. Il est assassiné par un groupe de conspirateurs, mécontents des dépenses excessives qui vident les caisses du Trésor pour organiser ces fêtes!

A l'époque, le commerce et la culture des tulipes sont rigoureusement protégés en Turquie. Il est alors interdit de négocier les tulipes en dehors de la capitale. Les coupables sont sévèrement punis. Toutes les variétés existantes et nouvelles sont décrites avec précision. Le plus ancien des livres connus sur les tulipes énumère pas moins de 1588 noms de fleurs.

La tulipe conquiert l'Europe

En 1578, la tulipe fait son apparition en Grande-Bretagne. Selon certaines sources, ces marchandises venaient de Vienne, en Autriche. Une bonne quarantaine d'années plus tard, le célèbre auteur de livres sur les plantes aromatiques en décrit plus de 150 variétés. Il les répartit en trois groupes: les variétés hâtives, les variétés semi-tardives et les variétés tardives, une répartition que l'on connaît toujours. Aujourd'hui encore, la Grande-Bretagne joue un rôle prépondérant dans la culture et l'administration des nouvelles variétés.

En France, sous le règne de Louis XIV - le Roi Soleil - la tulipe était alors la fleur officielle de la Cour. Les dames d'honneur se plaisaient à décorer leur décolleté de quelques tulipes, en signe de richesse.

Au 19ème siècle, la culture des bulbes prospéra aussi autour de Berlin mais l'urbanisation finit par l'emporter sur les jardins.


La tulipe conquiert la Hollande

La " fièvre de la tulipe " s'empare aussi du diplomate flamand, Ogier de Busbecq, représentant des Habsbourg d'Autriche à la Cour de Soliman le Magnifique. Dans ses lettres, il décrit la beauté des tulipes avec beaucoup d'enthousiasme et fait parvenir quelques bulbes à son ami hollandais Carolus Clusius, qui vient d'accepter le poste d'intendant au jardin botanique de l'université de Leyde. Celui-ci s'attache très vite à ces fleurs peu communes. L'histoire raconte qu'il réclamait des sommes tellement exorbitantes pour ses bulbes que personne ne voulait les acheter. Quelques marchands qui avaient le sens des affaires et pouvaient difficilement accepter ce fait se glissèrent dans son jardin par une nuit bien noire et emportèrent les bulbes. Saisi d'amertume, Clusius renonça alors à leur culture. Mais les bulbes volés constituèrent le matériel de départ pour la culture des tulipes en Hollande.

Tulpomanie

En un rien de temps, la popularité des tulipes se répandit dans une grande partie de l'Europe. Pourtant, elles demeuraient un luxe surtout réservé aux riches. Il est vrai qu'à l'époque, les jardins étaient plutôt une collection d'objets précieux. La tulipe, déjà onéreuse, y jouait un rôle principal. Mais le prix de la tulipe ne cessait d'augmenter et en 1634, il connut une véritable explosion. Ce fut le début de la "Tulpomanie".

Avec la "Tulpomanie", le commerce des bulbes devint une véritable spéculation. On les achetait et on les revendait sans que l'argent ou les marchandises aient changé de propriétaire. Tout se passait sur papier. Sans oublier qu'on ignorait ce qui allait sortir du bulbe. Le négociant ne pouvait donc qu'avoir confiance qu'il s'agît bien d'une belle tulipe. Il n'était pas certain que le bulbe vendu par le marchand fût passé entre ses mains, ni que l'acheteur eût la somme d'argent ou la marchandise requise. Le plus souvent, l'opération en restait sur une promesse. L'acheteur devenait à son tour marchand et revendait le bulbe à la personne suivante. Non sans bénéfice... Le nombre d'intermédiaires ne cessant d'augmenter, les prix poursuivaient leur escalade. En tête de liste, se trouvait la Semper Augustus. Son prix le plus fort atteignit cinq mille florins, un prix équivalent à la valeur d'un immeuble bourgeois de l'époque à Amsterdam. Mais l'argent n'était pas le seul moyen de paiement. A l'époque, les marchandises s'échangeaient ou se payaient souvent en nature. Ainsi, pour un bulbe de tulipe Viceroi (qui valait deux fois moins que la Semper Augustus) il avait été convenu le paiement de:

2 charretées de blé, 4 charretées de seigle, 4 bœufs gras, 8 cochons gras, 12 moutons gras, 2 fûts de vin, 4 fûts de bière, 100 livres de fromage, un lit, un vase d'argent et des vêtements.

Le commerce des bulbes de tulipes avait généralement lieu dans des petites pièces en retrait dans les auberges, les tavernes et les gargotes. Il était illégal mais personne n'ignorait son existence. Les enfants jouaient le rôle d'espion. La Tulpomanie prit fin trois ans plus tard. Les prix commencèrent à chuter, de nombreux marchands firent banqueroute, ce qui, à l'époque, était susceptible de lourdes peines de prison. Des fortunes fondirent comme neige au soleil et beaucoup se retrouvèrent au chômage. Pour finir, les autorités durent intervenir et en avril 1637, tous les accords spéculatifs furent annulés et le prix maximum pour un bulbe de tulipe fut fixé à 50 florins.

Le Jardin Turc de la Paix

Le Jardin Turc de la Paix, situé au Jardin botanique de Montréal, célèbre cette année ses 9ième années d'existence. Cette célébration réunira des hommes politiques, des consuls ainsi que de nombreux membres de la communauté québécoise et turque de Montréal. Le jardin, offert par communauté à la ville de Montréal au printemps 2000, se veut le symbole de son attachement à la paix et à l’harmonie.

C'est notamment grâce à la communauté turque du Québec et à la Fondation Iznik, que ce jardin a pu prendre naissance. En effet, le Jardin botanique de Montréal se pare de magnifiques céramiques d'Iznik. Ornées de motifs floraux, celles-ci prennent place sur 9 murets et 9 tourelles. Tous les printemps, les tulipes originaires de la Turquie sont les vedettes florales incontestées de ce jardin.